CHASSE DES ELEPHANTS
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Le vent brûlait le visage de Dryton le Crétois. Partout, les flots de la Mer Erythrée (Mer Rouge, Erythrée signifiant « rouge » en grec) teintés par les algues se soulevaient sous le souffle puissant. Le cavalier fixait la mer, son regard noir et grave empli d’inquiétude. Sosibios l’Egyptien en lui confiant cette mission l’avait surpris, presque choqué. S’éloigner d’Alexandrie, s’enfoncer dans les terres ardentes baignées par le Nil, puis rejoindre la côte de la Mer d’Erythrée ne constituait que les premières étapes de son long voyage. Venaient ensuite, l’embarquement dans ce port de Bérénice des Troglodytes, autrefois fondé par Ptolémée II, pour se rendre vers les terres lointaines où s’ébattaient les nombreux troupeaux sauvages d’éléphants.
Dryton ne vivait que pour la cavalerie. Il ressentait tout comme sa monture la peur face à ces monstres gris chargeant l’ennemi, terrifiant l’infanterie et les cavaliers. L’odeur même suffisait à paniquer les chevaux, avant que les pattes puissantes et les défenses des éléphants ne commencent leur sanglant carnage. Les éléphants, enivrés avant la bataille, enragés, tuaient sans trêve. Parfois, blessés ou leurs cornacs tués, ils se retournaient contre leurs propres troupes. Dryton souhaitait ne jamais voir un tel instant…
Pour ramener ces armes de guerre Dryton devrait passer de nombreux mois hors d’Egypte, puis pourrait enfin retourner au port de Ptolémaïs de la Chasse. Auparavant, il s’enfoncerait dans les terres inconnues avec des hommes expérimentés dans l’art de la capture des éléphants. Il ne soupçonnait pas encore ce qu’il découvrirait et finirait par aimer. Le jeu de repérer l’itinéraire des pachydermes... Ses compagnons lui apprendraient combien les éléphants, une fois accoutumés à fréquenter une piste revenaient sur celle-ci. Puis ils lui enseigneraient à attendre en un point où, à cheval, ils seront rabattus dans une impasse naturelle aménagée de fossés et bloquée par des pieux pour les empêcher de s’échapper. Les éléphants, affolés par les cavaliers les poursuivant en poussant des cris de guerre, se précipiteront dans le piège. Là ils tourneront en rond, barrissant de colère, barrissant d’effroi, soulevant de vains nuages de poussière. L’éléphant prisonnier, affamé, finirait par accepter la branche présentée par un homme, acceptant également sa soumission. Il faudrait ensuite les conduire, puis les dresser au combat. Des mois se seront écoulés avant que ne revienne Dryton et sa précieuse cargaison.
Soixante quinze éléphants de guerre remonteront vers Alexandrie.