[AB2] (-244) - De l'Olympe au Parnes...

1/Ithaque - Iles Ionniennes - 5e jour du Printemps - 244 :

Le vieux soldat grimpa précautionneusement les marches ébréchées et envahies par la mousse et le lierre. Il franchit ce qui avait du être l'entrée du palais et pénétra dans les vestiges d'une vaste salle.
On pouvait encore deviner les mosaïques qui ornaient le sol. Les murs étaient en ruines mais l'on discernait clairement, à hauteur d'homme, une marque arrondie plus claire que le reste de la maçonnerie. Le Stratègos y repéra des trous aussi fins que profonds.
-"Grand Zeus ! C'est là que le roi d'Ithaque accrochait sa cible !" s'exclama à voie haute le visiteur du palais en ruine.

Faisant voleter sa cape rouge, il se retourna et s'adressa à son escorte. Une douzaine d'Homoïoi de la Mora Edonos, détâchés par le roi auprès de lui. D'un large geste, il leur désigna les vestiges.
-"Pairs de Sparte ! Songez qu'ici le Roi Ulysse à bandé son arc à son retour à Ithaque. Songez que la reine Pénélope y à tissée sa toile le jour. Pour la défaire la nuit venue.
Nous sommes dans le palais du rusé Ulysse !"

Le Stratégos Xenophon de Sparte, exultait ! La campagne n'en était qu'à son début mais, déja, il savait qu'elle serait victorieuse.
Tandis que le roi Acrotatos défendait l'Isthme de Corinthe face à la probable offensive macédonienne, lui menait l'offensive de la Ligue du Péloponnèse !
Partie de Corinthe la flotte reconstruite et menée par Acestorides de Corinthe avait remontée le golfe vers l'ouest.

Une ridicule flotille, rassemblée l'été dernier par Alexandros de Macédoine, avait été détruite au passage sur les côtes d'Acarnanie. Xenophon se demandait d'ailleurs encore comment l'on avait pu craindre ce ramassis de débris tout juste capables de flotter par mer calme...

Malgré les vents contraires, la flotte était arrivée ce matin même, 5e jour du Printemps, devant Ithaque. Aucune résistance sérieuse. Ithaque, la terre natale d'Ulysse était déja tombée. Et il en serait de même de toutes les Îles Ionniennes d'ici la fin du printemps... L'Etolie payait ainsi la trahison d'Aratos et son ralliement à Alexandros de Macédoine...


2/ Acharnas - Près de la frontière de l'Attique et de la Béotie - 50e jour du printemps -244

-"La Cadmée tiendra ! Elle a été renforcée pendant tout l'hiver et garnie de renforts, essentiellement des archers crétois. La garnison de Thèbes compte plus de 15 000 Hommes. Leurs ressources sont innombrables." se félicitait le Stratégos athénien Nicias. L'un des vainqueurs de Daulis l'an passé.
L'autre vainqueur de Daulis, le roi Acrotatos de Sparte était près de lui. Il parla, songeur.
-"Mais où sont passés les macédoniens ?! Tu me les avais annoncé marchant sur toi et j'ai fais en sorte de te rejoindre au plus vite par mer et aussi à marches forcées.
Voici plus de 20 jours que nos avant postes ne nous signalent aucun mouvement ennemi en notre direction. Nous savons que Polyperchon assiège Thèbes et que la cité tient bon ! Mais, par les Dieux ! Je voudrais bien savoir ce que mijote Alexandros !

Nicias, leva la main en signe d'apaisement.
-"Je sais, ô Roi, que ton sang est bouillonnant et valeureux ! Mais nous avons décidé une stratégie visant à défendre le coeur de Athènes et à fixer l'ennemi sous Thèbes. Et il semble que cela fonctionne. L'heure de reprendre l'offensive viendra Seigneur."
-"Le coeur d'Athènes est protégé. Comme tu le dis et j'ai approuvé ce choix. Mais je me rends compte maintenant que depuis mon départ de Mégare, l'Isthme de Corinthe est ouvert à Alexandros..." déplora le souverain spartiate.

Nicias se préparait à répondre quant un officier du Lochoi Sacré Thébain de faction ce jour là franchit la porte de la modeste maison où se trouvait les quartiers du commandant en chef athénien.
Le thébain se frappa la poitrine pour saluer le général et le roi.
-"Stratégos ! Un Homoioi de Sparte veut voir le Roi Acrotatos"
Nicias fit signe d'introduire le Lacédémonien et se tourna vers Acrotatos. Ce dernier se leva pour accueillir le pair spartiate.
-"Sois le bienvenu Léonnorios" dit il en reconnaissant l'un des officiers de sa garde.
-"Roi Acrotatos je dois t'annoncer que Mégare est assiégée par les macédoniens. La forteresse tient bon mais la cité inférieure à été prise et pillée ! Toute la mégaride est ravagée par ll'ennemi. La route de Corinthe est ouverte. Le Conseil de la Ligue et les Ephores vont t'adresser un messager te demandant d'agir... Je cours depuis plus d'une semaine pour t'en informer."
Remerciant Leonnorios d'un signe de tête, Acrotatos regarda Nicias. Le Stratège athénien eut un regard sans équivoque. Alexandros les avaient joués !
Feintant en direction de l'Attique, il avait contraint l'armée spartiaite à découvrir l'isthme de Corinthe ! Politiquement c'était très bien joué... L'alliance entre les deux Ligues y survivrait elle ?....


3/Pella - Macédoine - 65e jour du printemps - 244.

"Ainsi le peuple de Macédoine saura ! Nous tenons le coeur de l'empire des Antigonides ! Et pas un soldat d'Alexandros ne s'est levé pour protéger sa capitale !

Chremonides était en verve, tandis qu'il parcourait d'un pas rapide les blanches allées du palais royal de Pella. Superbe réalisation, reconstruite par le roi Cratère sur les ruines des destructions Keltoi...
Toute la ville était, pour dire le vrai, à cette image. Superbe et lumineuse. De l'Académie d'Architecture dont le renom résonnait jusqu'aux confins du monde connu aux nombreux temples et sanctuaires.

Le Thesmophorion, situé à l'extrémité Nord-Ouest de la ville, sanctuaire de Déméter Thesmophoros. Superbe petit péribole de 30 coudées de diamètre, avec un autel au centre. C'est là que le souverain macédonien célébrait chaque année à l'automne, la fête des semences célébrée.

Le regard du politicien athénien s'arrêta bientôt sur sanctuaire d'Aphrodite-Cybèle, la Mère des Dieux. le temple occupait toute la largeur d'un îlot au Nord de l'agora. Il comprenait un vaste espace dégagé avec deux petits temples au Nord et au Sud, des entrepôts, des ateliers et même une citerne souterraine.

Chremonides se tourna alors en direction de l'Olympe. Sous ses yeux se trouvait immédiatement le sanctuaire de Darron, le dieu guérisseur ancestral des macédoniens.
Du palais partait la route monumentale reliant Pella au port de Pydna. Tout du long des premiers stades de celle ci se dressaient fièrement temples et sanctuaires. Dionysos, Pan et même Athéna !
-"Si Démosthène voyait cela..." philosopha l'athénien, se rappelant que le brillant poiliticien avait qualifié, en son temps, Pella de ...village...
Mais, depuis, il y avait eu Philippe, Alexandre et...Cratère !
Le commandant en chef de l'armée d'invasion ne s'attarda pas sur le pourtant colossal, siège de la Banque Royale de Macédoine. Il regardait de nouveau en direction du sud ouest... Vers l'Olympe mais aussi vers le Mur de Cratère. Puissante ligne de fortifications créées voici un quart de siècle pour empêcher la marée Keltoi de déferler sur la Thessalie puis la Grèce...
Chremonides eut une pensée amère. "Maintenant ce sont les macédoniens et leurs alliés thessaliens qui déferlent sur la Grèce.."
Il revint rapidement aux opérations en cours. "Archelaos, les premiers rapports sont ils confirmés ?" demanda t il à son second.
-"Par les Dieux oui !" confirma énergiquement l'officier athénien. "Le vieil Archidammos ne nous à pas attendu, il à réussit à se replier avec son armée derrière le mur de Cratère en emportant la quasi totalité du trésor royal. Toute la famille antigonides vivant à Pella a aussi été évacuée."

La flotte d'Eurymédon avait quitté le Pirée aux premiers jours du printemps avec à son bord les 20 000 hommes de l'armée de Chrémonides.
Cinglant à travers l'Egée comme en la rade du Pirée, elle avait bientôt abordée Skiros, théâtre de sa plus grande victoire. L'île était rapidement tombée au pouvoir des athéniens. Et, bientôt, toutes les îles des Sporades nord avaient dues se rendrent à Chrémonides.
Ne s'attardant qu'un minimum de temps pour organiser ses conquêtes, Chremonides fit forcer l'allure en direction de la baie de Pydna. Eurymédon et lui espéraient bien coincer et détruire les dernieres escadres macédoniennes.
Mais, prévenues, celles ci avaient finalement pu s'échapper pour remonter le goulet du Propontide et rejoindre les escadres de Pergame encore fidèle à Eumène Ier dans le port surchargé de Kallipolis.

En tous cas, nul n'avait géné le débarquement de l'armée de Chremonides. Pydna était vite tombé et l'on avait marché sur Pella !
Mais le vieux gouverneur de Pella, Archidammos avait réagit avec célérité. Jouant de son seul avantage, sa supériorité en cavalerie, il avait ralentit l'avance athénienne et donc pu évacuer trésor et famille royale de la capitale avant que celle ci ne tombe. Avec ses 10 000 hommes, il s'était prudemment replié derrière le Mur de Cratère. Couvrant ainsi la Thessalie et les arrières de son roi. Archidammos savait bien que Chremonides, bien qu'implacable ennemi de la Macédoine ne détruirait pas la ville. Ce n'était ni un Perse ni un Keltoi !

Effectivement, si Chremonides mit la cité et ses environs en coupe réglée, la population, les édifices et les sanctuaires furent scrupuleusement respectés.

Mais le coup n'en était pas moins terrible pour le régime macédonien ! Sa capitale, orgueil des antigonides, était aux mains de l'ennemi !...