La birème aux voiles noires était en vue de la cité blanche. Le spectacle qu’offrait la grande cité Ionienne était toujours majestueux. Ephèse s’appuyait sur l’embouchure du Caystre et les éperons rocheux, de chaque rive, formaient une impressionnante muraille. On avait, en arrivant dans ces parages, comme l’impression de franchir le Styx. Nombreux étaient les ennemis d’Ephèse qui s’étaient laissé troubler par ces approches.
Le pilote chiote, sans appréhension, fit manœuvrer le navire dans les bouches du Caystre et entra dans le port du Koressos. Sur les indications précises du commandant du port, il accosta au plus près du centre cultuel. En effet, le navire arborait les signaux diplomatiques car Chios avait envoyé à Ephèse une vaste délégation pour rendre les honneurs au tyran Athénagoras. L’ambassadeur Lydias était accompagné de Dromos, fils d’Olchios, tyran de Chios.
Une phalange de 20 hoplites chiotes, des meilleurs soldats de Chios, triés sur le volet, s’alignait maintenant sur l’appontement pour saluer leur commandant militaire, Dromos s’avança vers le palais. Il connaissait les exigences d’Athénagoras et il savait que les négociations de paix entre Ephèse et Chios étaient vitales pour sa cité. S’avançant vers le monarque, Dromos s’inclina et prononça les paroles rituelles tandis que l'ambassadeur tendait ses lettres de marque.