PORT DANS L’ANTIQUITE : ALEXANDRIE
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Comme une aile planant au dessus de l’eau intensément bleue, la voile triangulaire se détachait de la mer… Le bateau, en ce sortir de l’hiver où la Méditerranée multipliait les tempêtes, cinglait vers le port d’Alexandrie. Il arrivait parmi les premiers mais les marchandises s’entassaient déjà sur les jetées, prêtes à être transportées par les Egyptiens, négociées par les Phéniciens, consommés par les Hellènes.
Les gourmets se délectaient des vins réputés de Thasos et de Chios, de Cnide ou de la Pérée de Rhodes. Le fromage des Cyclades, le miel de Carie ou de l’Attique, les figues séchées de la vallée du Méandre ou encore le poisson séché de la Mer Noire s’échangent sur les quais. Les amphores d’huile d’olive sont attendues avec avidité dans la ville. L’huile est indispensable à la vie des Grecs. L’odeur venant des auberges rappelle son utilisation pour la friture des poissons. Les lampes à huile l’utilisent pour éclairer les nuits d’Alexandrie. Le gymnase de la cité, lieu où se forment au sport et aux exercices intellectuels les Grecs depuis leur enfance, éprouve un important besoin d’huile : pour en enduire le corps des athlètes dans l’exercice et lors des bains. Le port nourrit la ville.
Alors la population bigarrée vient assister au spectacle du port.
Elle voit les produits lointains et luxueux comme les épices ou l’encens. L’encens, plus précieux que l’or, brûlant dans le temple des dieux, source de richesse des royaumes arabes situés sur la route de l’encens. Elle voit encore les marchandises venant d’Egypte comme le papyrus ou le blé. Elle s’amuse en observant les nauclères, propriétaires des navires, dévisageant avec inquiétude ou confiance les capitaines avant le départ. Les courtiers, les petits trafiquants se tiennent non loin d’eux. Et la foule d’Alexandrie rit de son propre spectacle, de ses nombreuses activités. Là une courtisane égyptienne, le visage fardé de blanc ; ailleurs des trapézites juifs pèsent sur leurs petits trébuchets les pièces de métal pour organiser le change de monnaies ; au-delà un jeune giton trémousse des fesses en espérant accrocher le regard de quelques marins.
Ailleurs, sur l’horizon bleuté dominé par le phare, d’autres voiles blanches se tendent sous l’action du vent. De part et d’autre de la digue de l’Heptastade les deux parties du port offrent leur abri, accessibles suivant la provenance du vent.
Les ports grouillent d’activité. De puissantes machines, les trispastes à trois poulies et les pentaspastes à cinq poulies, chargent et déchargent rapidement les bateaux. Pour les besoins de l’arsenal de réparation les navires eux-mêmes peuvent être tirer hors de l’eau par les puissants polypastes.
Plus haut que toutes les machines, le phare domine la ville. Et, dominant le phare, la statue de Zeus surveille les hommes.