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-243 - Sinope - Pont Euxin :
Dans des coffres, les masques et les costumes jaillissaient avant de revêtir les acteurs. En tout, l’attirail comportait les soixante seize masques et costumes des rôles classiques, masculins et féminins : les vingt huit tragiques, les quarante quatre comiques et les quatre satiriques. Faces terribles ou hilares, cheveux de diverses couleurs ou crânes chauves, les masques s’offraient aux acteurs.
Pour la comédie, Thessalus chaussa ses cothurnes, de petites bottes lacées sur le devant du mollet. Il prit avec lui plusieurs masques car il devrait interpréter plusieurs personnages. Ses amis l’aidèrent à finir ses préparatifs en regardant l’effet produit par son costume. La tunique nommée chiton et son manteau court comique masculin laissait apercevoir un énorme phallus postiche, pendant et doté d'un gland vermillon. Fesses et ventre rembourrés, sa venue devrait déclancher des rires...
Les acteurs Thessalus, Néoptolème et bien d’autres comédiens devaient en effet représenter aujourd’hui le Thésée de l’auteur comique Diphile de Sinope, l’élève du philosophe Ariston de Chios, où trois jeunes filles de Samos proposent une énigme scabreuse durant les fêtes d’Adonis.
Le public allait rire, hurler, siffler et applaudir durant les comédies et non crier d'horreur comme lors des tragédies. Les rhabdouques, la police spéciale, surveilleraient le bon déroulement de la pièce.
Thessalus déclanchait des cascades de rire. Dans le premier rang du théâtre, réservé aux spectateurs de marque, les rires fusaient avec une nuance d’affectation pedante. Des autres rangs, pour les spectateurs plus modestes, les cascades de rires bonhommes roulaient sans prétention.
Néoptolème rivalisait avec son compère dans le succès. Occupant tout deux le proskenion, ils semblaient se courir après en minaudant le long de la longue et étroite estrade de bois.
En se retirant dans la skéné, la bâtisse servant de coulisses, Thessalus remercia intérieurement Dionysos pour ce succès. Il regarda avec plaisir l’orchestra où à côté du cercle de terre battue où se tenaient chanteurs et musiciens, s’élevait l’autel du sacrifice. Lorsque le spectacle serait fini, il commencerait la fête par verser des libations de vin au dieu…