La Grande Charte
Gadimar, pouvant enfin marcher, errait dans Assanis. Comme assigné à résidence durant les négociations, il ne pouvait quitter la citadelle. Durant ses marches, il ne rencontrait véritablement pas d'hostilité. La ville revivait depuis la fin du siège, Gadimar regardait les échoppes qui revivaient, les écriteaux, les lettres. C'est cet aspect qui l'avait frappé, l'écriture. Une petite bibliothèque fut installée dans la ville. Gadimar fut autorisé à y pénétrer, un prêtre lui fut désigné comme aide dans la compréhension du latin. Au gré des livres et autres manuscrits, il baladait ses doigts sur les cuirs de la bibliothèque. Ces instants lui faisaient oublier sa captivité. Il jeta son dévolu sur un manuscrit appelé « Magna Carta ». Il put traduire rapidement le titre : « la grande charte ».
« C'est un texte définissant les libertés individuelles et celles des barons en terre d'Angleterre. Dit le prêtre.
- La terre d'Angleterre ? Je ne connait point ce pays.
- Je ne peux vous montrer de carte, nos connaissances sont limitées. Il s'agit de barons qui en l'an de grâce 1215 arrachèrent de force au Roi jean une charte extorquant au roi ses pouvoirs. Le roi Jean la signa mais la dénonçât aussitôt. Une guerre civile éclata, le Pape Innocent Trois à l'époque condamna l'initiative des barons. Le Roi mourut peu après et ce sera un de ses descendants qui la ratifiera une nouvelle fois en 1225, raccourcie d'une trentaine d'articles.
- Que dit ce texte ?
- Ce texte limite l'arbitraire royal et établit en droit l'habeas corpus qui empêche, entre autres, l'emprisonnement arbitraire. Il garantit les droits féodaux, les libertés des villes contre l’arbitraire royal
- C'est donc un texte qui régit le pouvoir du roi et des ses nobles.
- C'est cela.
- Ceci n'existe pas chez nous, pas en tant que tel. Nos nobles tiennent à leur libertés, mais rien n'est écrit. Notre tradition est orale.
- Il fut un temps nous aussi, mais nous ne sommes pas complètement en tradition écrite. Vous pourrez la relire à votre guise. »
Ils repartirent ensemble et Gadimar rempli de fatigue se coucha. Le lendemain, il repartit vers la bibliothèque et commença à lire le texte en latin. « Johannes del gracia rex Anglie, dominus Hibernie, dux Normannie, Aquitannie et comes Andegravie, archiepiscopis, episcopis, abbatibus, comitibus, baronibus, justiciariis, forestariis, vicecomitibus, prepositis, ministris et omnibus ballivis et fidelibus suis salutem. “. Gadimar entreprit de traduire en pruthene en parlant à haute voix.
“Jean, par la grâce de Dieu, Roi d’Angleterre, Seigneur d’Irlande, Duc de Normandie et d’Aquitaine et Comte d’Anjou, aux Archevêques, Evêques, Abbés, Comtes, Barons, Juges, Forestiers, Shérifs, Prévôts, ministres et à tous ses Huissiers et fidèles sujets. Salutations. “