Printemps - 242 - Port de Nikaia, le matin:
La cité de Nikaia, cerclée de montagne se préparait à l’événement. Le grand Rix Critognatos et l’archonte Daniil, viendraient bientôt officialiser le traité commercial. L’oligarque en charge de Nikaia semblait satisfait, Nikaia était bien traitée. Le port allait être rénové, et Nikaia développera l’activité commerciale avec l’extension du port et l’arrivée des commerçants sallauviens. Cette ville, d’abord à usage militaire, se fortifiait dans tous les sens du terme.
Daniil arriva rapidement, le navire de l’archonte se cala dans le port en pleine effervescence. Les marins débarquaient leur marchandise, vérifiaient l’état des cordes, pliaient les voiles. Une garde d’honneur se mit promptement en place, pleine de déférence envers l’Archonte. Daniil la salua avec force, et salua plus particulièrement le gouverneur Aggelos. Daniil prit la parole en premier.
_ Nikaia va gagner en beauté, les Timouques, comme tu as pu le constater ont entendu tes demandes. La guerre terminée, nous pouvons nous concentrer sur nous même à nouveau. Je constate que les premiers ouvriers viennent d’arriver ?
_ Oui noble Archonte, ils étudient avec l’ingénieur les phases préliminaires aux travaux.
Se tournant vers la mer, les deux hommes fixaient l’horizon.
_ Le bras brisant la mer sera agrandi, nous utiliserons une méthode romaine.
Le gouverneur détaillait avec sérieux les détails techniques. Un coffrage serait réalisé, avec des pierres de tailles, dans ce coffrage s’alterneront des couches de mortier et de caillasse. Le bras serait en forme d’arc brisé. La capacité d’accueil du port sera fortement agrandie.
_ Dans combien de temps crois tu que le port soit terminé ?
_ Nos ingénieurs tablent sur l’année –240 noble Archonte.
_ Les pierres ne viennent-elle pas de l’oppidum proche de Massalia ?
_ Oui, ces pierres ont permis la construction des plus grands ports, notamment celui du Pirée.
_ Espérons que les travaux se passent sous de bonnes augures. Maintenant il nous faut parler du futur traité.
_ N’y a t-il pas un accord de principe ?
_ Bien sur, la venue du grand Rix sera la confirmation, mais ce traité va engendrer des aspects pratiques que le conseil des Quinze n’a pas encore abordé.
_ Vous pensez à quel secteur ?
_ A un secteur qui a pris de l’ampleur depuis la signature du traité commercial avec la Numidie. Cette activité bancaire existait déjà bien avant, mais la reprise du commerce lui a fortement donné de la vigueur.
_ Vous devez parler des prêts à la grosse aventure.
_ Oui, depuis leur progression, certains bandits se sont réveillés. Ces prêts sont essentiels, ils aident notre économie ; depuis que le commerce est plus sur, les rémunérations sont meilleures, ce qui attise la convoitise. Il faudra prévoir ce genre d’incidents dans Nikaia.
_ Je pense que c’est une bonne chose, effectivement que d’y penser.
_ Je vais me reposer Gouverneur Aggelos, Nous nous reverrons demain.
Les deux hommes prirent la route de la maison du gouverneur.
Agora de Nikaia, le même jour. En plein après midi:
Aiolos attendait patiemment ses potentiels clients. Ces deux massaliotes semblaient intéressés par l’affrètement d’un navire qui irait en pays punique, dans un ancien comptoir carthaginois. Ses clients l’avait prévenu, ils n’investiront pas plus de 2600 Drachmes chacun. Ce devait être des particuliers en quête d'ascension sociale. Les deux hommes arrivèrent, se frayant un chemin dans la foule compacte venue contempler le début des travaux. Deux hommes bien habillés se présentèrent à lui.
_ Vous devez être Aiolos ?
_ Oui ! Je suis votre intermédiaire. Si vous voulez bien me suivre.
Traversant l'agora à pas cadencés, les trois hommes parvinrent au bureau d'Aiolos. Celui ci donnait sur le port.
_ Vous avez une vue sur le port ?
_ Bien sur, répondit Aiolos, le port est mon gagne-pain. Je me dois donc d'avoir une vue à chaque instant sur les navires qui rentre au port. Vous êtes toujours intéressés par un prêt à la grosse aventure ?
_ Bien sur ! Je me nomme Anatolios, et voici mon compagnon d'affaire, Viktoras. Nous sommes massaliotes depuis trois générations. Nous avons besoin de fond pour pouvoir briguer la fonction de Timouque. A vrai dire l'argent est ce qui nous manque.
_ L'argent n'est pas suffisant pour devenir Timouque, L'honneur et votre morale doivent être exemplaires. Les lois massaliotes sont strictes à ce sujet.
_Oui effectivement, excuse-moi Viktoras, nous suivons bien les règles de la cité. Nous souhaitons nous investir encore plus pour elle. Un Timouque vient de mourir, mais son fils n'est pas d'une probité exemplaire, il se présente malgré tout, mais l'opportunité de se présenter s'offre à nous.
_ Revenons à notre affaire je vous prie, vous ne placez que 2600 drachmes sur une future expédition ?
Viktoras prit la parole.
_ Nous préférons diversifier nos placements, nous savons que le prêt à la grosse aventure est rémunérateur, mais nous ne voulons pas être trop gourmands.
_ Je vous comprends, Vous voyez ce navire ? Au fond du port ? Il partira bientôt pour Sarim Batim, il reviendra avec des épices. Il partira la semaine prochaine, il s'agit d'un aller-retour. Je vous propose donc un taux d'environ 30 %.
_ C'est un taux intéressant ! Nous en aurons besoin. Nous sommes d'accord !
Aiolos sortit trois manuscrits vierges, qu'il remplit aussi vite, sans pour autant négliger son écriture. Le document devait être lisible en cas de contentieux. Tous trois, ils signèrent les documents.
_ Le voyage durera trois semaines, je vous donne donc rendez-vous dans un mois. Lorsque le navire reviendra et que le capital vous sera remboursé en plus des intérêts, nous brûlerons sur l'agora ces documents afin que chacun sache que nous ne devrons plus rien. Avec le nombre de témoins présents sur l’agora, nous pourrons nous quitter en toute confiance, et pourquoi pas refaire affaire ensemble.
Les Massaliotes acquiescèrent et repartirent. L'affaire avait été rapide, vivement que les travaux arrivent à leur fin. Les affaires seront encore plus florissantes, surtout avec les marchands Sallauviens qui viendront enrichir la palette des produits.
Le Lendemain, arrivée de Cotugnatos, Rix des Sallauviens :
Daniil inspectait Nikaia avec frénésie, aucun incident n'était à déplorer. Le Grand Rix Critognatos arrivait avec son cortège.
Ils chevauchèrent, le long de la haie d'honneur prévue pour leur arrivée. Critognatos vint accompagné de son barde, de plusieurs druides, de chefs de clans aux bijoux innombrables et de plus de deux cents ambacts, colosses aux cottes de mailles rutilantes. Le peuple les accueillit avec respect. Une fois devant la délégation massaliote composée de l'Archonte et du Gouverneur de la Cité, chacun se salua avec déférence. Daniil prit alors la parole.
_ Noble Rix Critognatos, Nobles Guerriers celtes ! C'est avec honneur que nous vous accueillons. Nous sommes donc ici pour sceller notre accord. Nikaia sera libre d'accès pour que vos commerçants viennent vendre leurs marchandises. Ainsi, ils sauront nous faire partager vos arts. En échange, nous pourrons parcourir votre pays, et y installer une voie commerciale. Ces actions seront bonnes pour notre avenir.
Sentencieusement, le Rix des Sallauviens acquiesca aux propos de l'Archonte et prit la parole.
_ Esus, protège les marchands ! Que ceux ci puissent, en ces lieux, venir en paix ! Moi Critognatos je le dis à tous ! Les grecs de cette cité sont amis de mon peuple ! Et Ils seront ainsi traîtés tant qu'ils agirons en respectant ta parole, Archonte. Ma parole, elle, vaut serment pour tout mon peuple !
Daniil proposa au grand Rix et à ses nobles guerriers de bien vouloir le suivre. La délégation entière convergea au port. Daniil reprit la parole.
_ Comme vous pouvez le voir, nous agrandissons le port, ceci afin que l'avenir de nos deux peuples soient encore plus prospère.
Le Grand Rix et l'Archonte fixèrent ensemble une plaque inscrivant le traité et posèrent conjointement la première pierre de la nouvelle capitainerie.