Le lendemain de la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques, furent invités à se rassembler par les rois de Sparte, Nicandre l'Eurrypontide et Téléclus l'Agiade, les représentants des délégations venues de toute la Grèce.
Si celles ci n'étaient plus dans l'enceinte sacrée Olympique, elles en étaient encore suffisament proches pour êtres considérées sur un sol protégé par les Dieux. Ainsi, les spartiates, respectueux des Lois, n'empiétaient pas sur les prérogatives de la Cité voisine d'Héraéa.
Les délégations se rassemblèrent donc, non loin d'Olympie dans un vaste amphithéâtre naturel surplombé par un temple dédié à Zeus.
Tout du long des Jeux Olympiques, ceux qui ne connaissaient pas les rois spartiates n'avaient pu les discerner. Car ils allaient aussi simplement vétus que les autres Homoioi.
Mais, en ce jour sacré, Nicandre et Téléclus, avec pour tout signe distinctif leur cape rouge empoussiérrée, se tenaient au centre de l'amphithéâtre. Téléclus, de la voie forte de celui qui se sait se faire obéir de 12 000 Hoplites Lacédémoniens, s'adressa à l'assemblée.
"Nobles représentants de la Grande Grèce ! Le Législateur Cypselos de Corinthe à demandé l'arbitrage de Sparte en la ténébreuse affaire de Chalandriani. Nul ne s'y est opposé parmi toutes les cités ici présentes !
J'ai moi même nommé le sage Pausanias comme chef de la délégation de ma cité. Puis, mon frère Nicandre, les Sages Ephores, la Gérousie et notre Conseil des Sages, nommèrent également chacun un de nos Pairs.
C'est cette délégation qui, pendant plus d'une année révolue, mena l'enquête. Avec deux uniques instructions de la part de ceux qui en avaient choisi les membres.
-Respectez les volontés des Dieux.
-Examinez les faits. Rien que les faits. Ne pas entendre les rumeurs mais recherchez les témoignages. Et, si parmi les témoins ils en fut qui mentirent, qu'ils craignent la colère divine !"
Avec déférence, le roi Agiades invita le sage Pausanias à s'avancer, suivi des quatre autres homoioi qui avaient composés la délégation lacédémonienne.
Il y avait là le brillant Polynice, dont le front avait déja été plusieurs fois ceints des lauriers olympiques, le terrible Alcibiade, celui la même qui venait de remporter l'épreuve de lutte, le pieux Alexandros dont on disait qu'il ne dormait jamais sous un toit afin de ne jamais se dissimuler à la vue des Dieux et le solide Diénékes, qui commandait les Hippéis.
Pourtant, tous courbèrent la tête devant l'ascétique et vieux Pausanias. Ce dernier, malgré le visible poids des ans se dressa fièrement face à l'assemblée. Si son corps squelettique ne semblait tenir debout sous sa cape que par la volonté d'un Dieu, la lueur qui irradiait de son regard disait à tous que c'était bien celle de Zeus Lacédémone !
"Il parait qu'il à vu plus de 100 printemps et qu'il court tous les jours plusieurs stades" murmurait on de loin en loin parmi l'assemblée.
Le vieux spartiate prit la parole d'une voie assurée et claire. Ignorant le poids des années qu'on lui imputait...
"Nobles représentants de La Grande Grèce. Nobles Tyrans, Législateurs et envoyés de tant de glorieuses Cités, je vais vous faire part des conclusions de l'enquête que nous avons mené.
Nous tenons à votre disposition l'intégralité des témoignages et des faits avérés qui nous ont permis d'affirmer devant les Dieux et les hommes nos conclusions. J'ajouterais que notre méconnaissance des us et coutumes et des circuits commerciaux, si elle put nous desservir, nous prévint de tout préjugé.
Tout d'abord, il est certain que les raids menés sur Chalandriani ne furent point le fait de pirates.Mais ceux d'une flotte de guerre importante, disciplinée et venant du sud de Chalandriani. C'est une Cité qui a attaquée Chalnadriani !
Nombre d'esclaves, victime de la raffle à Chalandriani furent vendus sur le marché de Corinthe. Corinthe, qui possède l'un des marchés aux esclaves les plus importants du monde. De nombreux marchands, dont la réelle provenance n'est pas toujours connue, approvisionne ce marché.
A cette occasion, tandis que les autorités de Corinthe envisageaient d'acheter la plupart des esclaves provenant de Chalandriani afin des leur rendre la liberté (car Corinthe est protectrice de Chalandriani) et de recueillir leurs témoignages, de mystérieux marchands venus d'Asie les devançèrent dans leur démarche.
Ces mystérieux marchands n'étaient autres que les envoyés de Chios et d'Héraion qui menaient enquête de leur côté. Le capitaine de la Pentécontère maquillée en navire marchand, avait ordre d'Olchios de Chios lui même de racheter tous les esclaves originaires de Chalandriani.
Les envoyés de Ionie, repérés, furent poursuivis par les agents de Corinthe mais, si trois d'entre eux, originaires de Chios furent pris, le navire et sa cargaison d'esclaves parvint à s'enfuir et, échappant (par Chalcis en Eubée) aux croisières de Corinthe, parvint à regagner son port d'attache.
Arrivée en Ionie, les esclaves rachetés furent affranchis et installés en Chios dans le village de Néo Driani.
Ulcéré par cette intrusion et ce qui pouvait passer pour des manigances, Corinthe vint, jusque en Ionie même, accuser Chios de piraterie devant ses pairs confédérés.
La situation était fort tendue et aussi bien à Corinthe qu'en Ionie, on pouvait croire la guerre inévitable.
C'est alors, au mitan de l'été -757 qu'un curieux messager diplomatique vint prévenir le législateur Cypselos de Corinthe que les flottes de la Ligue Ionnienne se préparaient à attaquer Chalandriani. En outre, il lui recommandait d'attaquer celles ci préventivement, sans même envoyer d'ultimatum à la confédération Ionniene. Afin de bénéficier de l'effet de surprise.
Un si peu noble comportement convint le Législateur Cypselos de demander l'arbitrage de Sparte.
Et, grâce en soit rendue aux Dieux, nos raisons à nous cinq, envoyés de Sparte, s'accordèrent pour chercher à qui profiterais un conflit entre la Confédération Ionniene et Corinthe. Qui aurait voulue terroriser avant de soumettre à sa domination Chalandriani ?
Et les témoignages et les faits envoyés par les Dieux nous éclairèrent !"
Après avoir marqué une pause, Pausanias reprit d'une voie étonnament puissante :
"
-Qui à envoyé ce message à Corinthe, lui conseillant d'attaquer par surprise ! Comme des voleurs ou des assassins !?
-Qui à accrue en de fortes proportions sa flotte de guerre ? !
-Qui à vu grandir spectaculairement son marché d'esclaves ?!
-Qui loge et chéri des marchands d'esclaves ? Ceux la même qui furent reconnus comme ayant amené à Corinthe les malheureux raflés à Chalandriani ?!
-Qui possède un port dont l'entrée puis la rade furent reconnues par les esclaves affranchis et libérés comme leur premier lieux de détention ?!
-Qui refusa de recevoir les émissaires de Sparte ?! Les insultant même !?"
Un murmure parcourue l'Assemblée. Nul n'insultait Sparte impunément...
Pausanias s'était tourné vers Nicandre et Téléclus.
"Pardonnez moi Rois de Sparte de vous avoir célé cela. Mais nous devions terminer notre mission ! Nos Lois sont ainsi, quelque fut notre déchirement d'entendre notre Cité insultée.
Le tyran auquel nous demandions simplement de nous éclairer sur cette affaire, ne nous préta nulle oreille bienveillante comme le firent toutes les autres Cités. Révélant ainsi son forfait, il ne nous entendit pas et nous fit savoir qui'il ne saurait tolérer des enquêteurs soupçonneux sur son sol !
Là ou nous demandions, simplement, un éclairage comme nous le fîmes auprès de tous les protagonistes, il parlait d'enquête et de soupçons !"
Pausanias reprit son souffle une dernière fois.
"Quelle est cette cité ?! Proche de Chalandriani, située entre la Ionie et Corinthe et qui rêve, sans doute, de dominer les Cyclades ?!"
Le vieillard leva alors un doigt accusateur vers une délégation, visiblement peu à l'aise.
"Naxos !"
Puis, comme épuisé, il recula d'un pas, signifiant qu'il en avait fini de sa mission et que Sparte avait rendu son arbitrage.
Avant que l'assemblée ne soit agitée de cris et, tandis que tous les regards se tournaient vers la délégation de Naxos, les rois de Sparte, Téléclus et Nicandre, s'avançèrent. Terribles, leurs capes écarlates agitées par un vent soudain !
L'Agiade Téléclus parla le premier.
"Envoyé de Naxos. Va dire en ta cité la colère de Sparte !"
Téléclus, comme soudainement grandit, prononça d'une voie calme la sentence de Sparte.
"A Naxos, je refuse le pain et le sel.
A Naxos, je refus le feu et le toit".
A ses côtés, Nicandre poursuivit.
"A Naxos, Sparte, insultée en la personne de ses ambassadeurs, refuse commerce et protection.
A Naxos, Sparte fait savoir son assignation, en la prochaine année, à combattre, sur la côte orientale du Péloponnèse, sous peine de ne plus être considérée comme honorable !"
Avec ensemble, les rois de Sparte conclurent d'une même voie, s'adressant à l'Assemblée.
"Nobles Tyrans, Législateurs et envoyés des cités de la Grande Grèce, Sparte, éclairé par les Dieux, à rendu son arbitrage.
Sparte à décidé en son nom seul de ses actions envers la traitreuse Naxos. Il vous appartient d'en faire de même en votre libre choix..."Puis, les spartiates reganèrent l'emplacement qui leur était dévolu en l'Assemblée...
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