En se promenant dans le quartier du sanctuaire de Dionysos, Agathon remarquait les amphores du vin nouveau non encore ouvertes. Dans deux jours, la fête sera immense, une foule immense viendrait devant le sanctuaire, ouvrir les jarres, et viendront ensuite les trois jours de fêtes pour célébrer la fin de l'hiver. Mais il était tard, Agathon préféra se coucher, il n'aura pas le temps de flâner, la venue de Nicias, l'ambassadeur du Pont Euxin lui donnera du travail. L'accueil se devait d'être impeccable.
Agathon fut a peine levé que l'Archonte Daniil vint le quérir, ce fut un garde qui l'accompagna. Daniil n'étant pas au palais, il fallut traverser l'agora, aller au port. Agathon put admirer le temple dédié à Phoibos qui surplombait la ville grecque. Daniil arborait un air maussade.
_ Nicias aura du retard aujourd'hui, le temps n'est pas au mieux. Agathon ? Tu est la ?
Daniil n'avait même pas pris la peine de se retourner.
_ Oui Archonte ! Je suis prêt !
_ Je crains que tu ne soit prêt trop tôt ! Fais en sorte que l'accueil de l'ambassadeur du Pont Euxin soit prêt malgré tout à l'heure prévue La seule chose positive est qu'il ne ratera malgré tout la fête. Au travail Agathon et ne me déçois pas !
Le capitaine du port accosta Agathon.
_ Notre Archonte se serait levé du pied gauche aujourd'hui ?
_ Sans doute ! En fait je ne sais pas. Il a été particulièrement tendu ces derniers temps.
_ Pour cause ! La sécurité est plus difficile à assurer. Des grecs viennent assister aux floralies, un ambassadeur est en retard, il faut gérer les premiers échanges entre grecs et celtes à Massalia, et encore je croie que je n'ai pas énuméré tout le fardeau de notre Noble Archonte. Mais bon nous tenons le cap, n'est ce pas ?
Le ton rigolard du capitaine déplut fortement à Agathon qui préféra sauver les apparences et s'occuper de ses taches. Finalement Nicias arriva avec seulement deux heures de retard, le vent s'étant fait capricieux.
_ La mer nous a retardé un temps, mais nous sommes arrivés sans encombre, bonjour à toi Archonte Daniil.
_ Bonjour a toi, Nicias, ambassadeur du Pont Euxin. Je suis honoré de ta présence. La fête sera grande, comme nous avons un accord culturel entre nos pays, nous avons pensé vous montrer d'abord les événements joyeux de notre cité.
La garde accompagna la délégation diplomatique, la foule compacte se pressait pour voir l'ambassadeur. Les citoyens trop curieux furent repoussés par la garde. Agathon montra les appartements à l'ambassadeur. Le soir fut calme, le repas passé, les deux dignitaires purent discuter plus amplement des affaires respectives de leur pays.
Le lendemain, Massalia bouillonnait d'énergie. La foule convergea vers le sanctuaire de Dionysos, les jarres étaient nombreuses. Le prêtre de Dionysos marchait devant, une fois son accord, les Massaliotes ouvrèrent une à une les jarres. Nicias et Daniil participaient avec ferveur avec la foule aux festivités, ils ouvrirent chacun une jarre, en savourant la ferveur populaire. Une fois l'ouverture faite, les deux hommes repartirent vers le port.
Le jour suivant, Les pichets furent de sortie. La population célébrait dans la joie le vin nouveau. Des concours s'organisait un peu partout dans les rue massaliotes. L'ambiance était bon enfant. Revenant dans la rue principale, la délégation put admirer les chars . Le troisième char arrivant, un homme armé d'un couteau sortit, et se précipita sur Daniil. Prêt à l'attendre, Daniil concentra toute son attention sur l'assassin. Mais son frère Anastasios le prit de cours et s'interposa entre l'homme armé et son frère. Se prenant un premier coup de poignard, il arriva malgré tout à se redresser et à stopper l'ennemi. Encore vif, il passa à l'attaque, fit mine de vouloir porter un coup, esquiva le poignard et saisit le poignet du tueur. Sous la pression le tueur lâcha l'arme et se retrouva par terre, peu à peu l'assaillant s'avoua vaincu. Soudain plusieurs flèches atteignirent l'assaillant ainsi que Anastasios. La garde se mit immédiatement à la recherche du fugitif qui ne trouva finalement comme seul exutoire qu'un saut fatal du haut des remparts.
Le dernier jour fut plus solennel, le gruau de graines fut offert aux dieu, et les marmites furent vidées avant la fin de la nuit, tout en priant pour les morts. Nombre de personne prièrent pour Anastasios qui sacrifia sa vie pour la cité. Daniil pleurait lui son frère, tué par des traitres qui finiront tôt ou tard par être démasqués. Sur le chemin du retour, Daniil et Nicias prirent en compagnie de leur escorte une petite rue. Cette fois rien ne se passa. Difficilement Daniil prit la parole.
_ Je savais qu'un fraction négligeable des nôtres complotait, mais quel sacrilège! Oser faire ca avant la fête des morts ! Et oser rappeler un douloureux souvenir comme l'incident des chars !
_ L'incident des chars ?
_ Au début de notre cité, un Rix celte a tenté de prendre la ville par la ruse, infiltrant ses soldats par les chars lors des floralies. Une amante celte d'un Massaliote voulant sauver la vie de son aimé l'en avertit et sauva la ville. Ce fut un drame énorme. Ces conspirateur n'ont aucun scrupule. Nous les aurons ! Au nom de mon frère défunt !
L'ambassadeur Nicias écoutait avec gravité les paroles de l'archonte Daniil. La répétition d'une telle attaque restait malheureusement une possibilité.
_ Je me souviens de ce qui a été conté de la fondation de Massilia. Un Hellène venu de Phocée nommé Protis a épousé une belle Celte nommée Gyptis. Le père de Gyptis, roi de cette région, a offert des terres aux Phocéens pour fonder leur cité.
_ Depuis, de nombreux Celtes sont restés nos amis mais les descendants des prétendants déçus...
Les deux hommes se sourirent. Puis Daniil reprit
_ Dans l'oppidum voisin les Celtes ont fiché les têtes de leurs ennemis au-dessus de la porte d'entrée de la forteresse (HJ : Entremont). Nous avons combattu les uns contre les autres pendant longtemps, le respect commence à s’installer. Cela n’efface en rien le courage des nos ancêtres qui ont combattu pour notre liberté, mais ce geste honteux essaie de rallumer une flamme dévastatrice qui nuit à notre cité.
Un silence se fit pour respecter la mémoire d'Anastasios