Petros soufflait. Il venait d'accoster sur le port d'Héraion. L'ancienne cité qu'il avait visité était désormais loin. Certes la cité était mineure, mais les gardes ne furent pas facile à semer, et étant donné le message qu'il avait à délivrer, sa survie relevait de la plus grande nécessité. Paranoïaque, il se demandait s'il n'était pas suivi, si les hordes d'imbéciles ne le scrutaient pas à chaque instants. Profitant d'un seul instant de faiblesse pour étouffer la vérité si difficile à entendre, et qui dépasse l'entendement des hommes, petites créatures si peu fiables. Sortant du port, il arriva sans peine sur l'agora populeuse. Il pouvait voir des marins, des gardes, des marchands, des dévots.
"Citoyens d'Héraion, je vous salue !"
Sa voix portait bien haut, à l'avoir vu si frêle certaines personnes ne soupçonnaient pas une si grande facilité d'expression. Il regarda son auditoire se former autour de lui, une vingtaine de badauds, curieux, qui le fixaient.
"Ceux que je vais vous dire n'est pas facile à entendre, cela ira à l'encontre de ce que l'on va a abreuvé depuis votre enfance, durant vos initiations religieuses, familiales, ou lors des libations."
La foule retenait son souffle, Petros semblait plutôt fier de son effet.
"Nous nous trompons depuis longtemps, frères grecs, nous nous trompons. Nous n'adorons pas Zeus comme nous le devons. Zeux a dès ses origines, eu milles facettes, que nous avons à tort interpreté comme des divinités qu'il ne faut pas fâcher. Comme nous étions dans des temps obscurs, il ne nous en a pas tenu rigueur. Mais nous grandissons, et nous devons donc nous rendre à cette inéluctable vérité: Il n'y a de Dieu que Zeus tout puissant, qui règne sur la terre et sur la mer, et sur tous ce qui y prospère. Avant nous manquions de sagesse, désormais, ouvrez les yeux Frères Grecs !"
La foule restait bouche bée, certains interpellés, d'autre choqués. Un passant osa rompre le silence.
"Menteur ! Tu ose blasphémer sur les dieux. Ils sont plusieurs à vivre dans l'olympe, et tes paroles attirent de mauvais augures sur nous.
- Tu me traite de menteur, mais pour moi il n'y pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir, ni pire sourd que celui qui ne veut entendre.
- Zeus lui même te condamnera pour l'image que tu lui donne.
- Je ne sers que lui, ma vie entière lui est dédiée."
*
* *
"Hégéomai Sébastos ?
- Oui Gnesios ?
- Un fou dangereux salit notre déesse Héra en ce moment même sur l'agora."
Sébastos fronça des sourcils, et réfléchit en peu de temps.
"Quels sont ses propos ?
- Je t'en dis la teneur alors Sébastos."
*
* *
Petros continuai d'abreuver de ses paroles les passants qui voulaient bien l'écouter. Soudain une foule énorme s'espaça pour laisser place à un personnage qui semblait important.
"Ainsi tu ose salir l'honneur d'Héra."
Le ton était bel et bien celui d'un homme d'autorité, la foule ne disait plus rien.
"Oui, Je te le dis sans peur, et avec toute la franchise qui est la mienne. Zeus est le dieu unique.
- Pourtant Héra est né ici, à Héraion, le Lygos est son symbole. Comment ose tu défier sa terre de naissance. Comment ferait les femmes mariées, pour demander protection sur leur mariages ?
- Ces prérogatives sont pour moi celles de ...
- De Zeus, je le sais. Mais tes blasphèmes sont trop importants. Si Zeus est un dieux unique quel cas fait tu des titans, de Chronos ?"
Petros ne put répondre et un grand silence coupa le flot de paroles continues qui avait jailli de son esprit. Soudain une vingtaine de garde entouraient Petros. Sébastos reprit la parole.
"Mon capitaine m'a dit que tu devais être athlétique, tu parais frêle mais ce ne sont que des apparences. Tu dois courir bien vite si l'on te poursuit non ?"
Petros lui opposa un silence teinté de mépris et fut appréhendé. Et jeté au cachot. dans cette prison, seul, isolé, il méditait. "Et pourtant il n'y a qu'un seul dieu, peut-être ai-je raison trop tôt ? Ils ne savent pas ce qu'ils font".
"Le blasphemateur est enfermé prêt à être jugé Hégéomai.
- Bien ! Envoyez des messagers dans les cités grecs, peut être a t-il blessé d'autres cités, d'autres cultes. Ces personnes la ont aussi le droit de voir son jugement et de témoigner.
- Bien O hégéomai Sébastos, ce sera fait"
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Ven 15 Avr - 6:38