Le trone d'Agamemnon
Cela faisait plusieurs semaines que le printemps avait débuté et une année sublime semblait s'amorcer. En effet, le temps était doux et les dieux avaient été clément, cela promettait des récoltes abondantes pour toute l'Argolide. Alors que les paysans du monde préparaient les champs et surveillaient avec attention les premieres pousses, guettant chaque éclosion, les nobles et autres aristocrates festoyaient dans leurs luxueuses demeures.
A Mycènes, dans l'un des plus beaux palais de toute l'Argolide, le roi Acrisios organisait alors chaque soir des banquets et des festins dignes des dieux eux memes. Lors de ces banquets le vin et la nourriture coulaient à flot, des artistes et des poètes chantaient alors la gloire passée d'un royaume qui durant de longues années domina le monde civilisé sous les yeux pétillants d'une noblesse décadente. Alors meme qu'en dehors des murs du palais le peuple mycénien peinait à trouver de quoi s'alimenter au pied des temples et des statues finement sculptées.
C'était cela Mycènes ! Une cité magnifique revant de son prestige et de sa puissance des temps jadis. Les nobles comme le roi vivaient dans une douce illusion et s'en satisfaisait parfaitement.
Le roi Acrisios siegeait comme à son habitude fierement sur son trone, trone qu'il avait lui meme baptisé le "trone d'Agamemnon". C'était un trone magnifique, recouvert d'or et dont l'orfevrerie avait été travaillé avec le plus grand soin. Le siège royale comptait la prise de Troie par l'un des plus grands rois que Mycènes ai jamais connu. Acrisios ne se lassait jamais d'observer depuis son trone chaque détail d'une pièce qu'il connaissait par coeur en buvant du vin. Sitot qu'il n'en avait plus un esclave à demi-nu courrait lui remplir sa céramique d'un vin frais et gouteux.
Alors que le vin commençait à monter à la tete du souverain le polémarque Cléosiphon fit une entrée fracassante dans la salle du trone et interpella Acrisios:
-Mon Roi ! Mon roi ! L'heure est grave ! Argos, jalouse de notre puissance et de notre prestige envahit nos terres avec son armée ! Mon roi il te faut réagir au plus vite où il sera trop tard, les troupes argoniennes progressent à vive allure.
Acrisios se leva soudainement avant de reprendre place sur son trone
-Bien Cléosiphon... Crois-tu que j'ignore ce fait ? Mobilises à présent l'armée et vas chatier ces foux au plus vite.
Cléosiphon disparut alors dans les allées du palais, puis en quelques instants toute la cité s'agita. Les nobles préparèrent leurs montures et enfilèrent des armures qui prenaient depuis trop longtemps la poussière. On aiguisa les armes et en quelques heures une partie de l'armée mycénienne fut rassemblée sur la grande place attendant la venue du roi.
Face à ces événements le roi reprit pied et sentit les effets du vin s'estomper. Il rejoignit ses hommes sur la grande place de la ville et s'adressa à eux. Comme à son habitude il mit en valeur l'histoire d'une Mycènes triomphante et dominante, d'une Mycènes invaincue et immortelle grace au bon jugement de ses rois.
Le coeur des hommes fut alors remplit de courage et tous étaient persuadés de la victoire. Mais malgré son beau discour Acrisios ne se joignit pas à ses hommes lorsqu'il marchèrent à la rencontre d'Argos. Ce fut Cléosiphon qui en tete marchait, du fait de son expérience il connaissait la réputation d'Argos et la réalité des retards et illusions sur lesquelles sa cité se reposaient. Toutefois, son devoir de citoyen et sujet l'obligaient à suivre les ordres à la lettre.
Au bout de quelques heures de marches seulement les éclaireurs revinrent vers Cléosiphon, Argos était bien plus proche de Mycènes qu'il ne le croyait. Il n'avait à présent d'autres choix, il allait devoir se préparer à combattre bien plus tot qu'il ne le pensait, mais peut etre les Argoniens seront-ils fatigués par cette marche accelérée, du moins c'est ce qu'il esperait.
Au bout de plusieurs dizaines de minutes, le moment tant redouté vint, face à lui la puissante armée d'Argos. Il mit alors ses hommes en ordre de bataille. Dans son coeur il trembla, car face à lui s'étendait une armée bien plus nombreuse que les hommes qu'il avait hativement rassemblé. Mais l'honneur et le regard plein d'espoir de ses hommes le poussa à ne transparaitre pas le moindre sentiment.
Dans le camp des Argoniens on était serein et organisé. Theophraste, le grand tyran d'Argos lui meme avait prit le commandement de ses hommes. Une grande phalange de près de 10 000 hommes dit-on se mit en ordre de bataille, droit et impassible. Entouré d'une garde de centaines et centaines de cavaliers, Theophraste contemplait l'armée ennemi, principallement composé de cavaliers. Puis après avoir pousser un puissant cri, Theophraste prit l'initiative de lancer l'attaque.
Au rythme des percussions et des aulos, la grande phalagne argonienne marcha d'un pas déterminé vers ses ennemis, derrière eux plusieurs miliers d'archers s'appretaient à les couvrir d'une charge ennemi. L'organisation d'Argos était parfaite, le moindre pas du moindre soldat étaient rythmé par une cadence et une coordination irréprochable.
Cléosiphon quand à lui prépara ses cavaliers, il étaient parvenus à en réunir plusieurs milliers et les prit sous ses ordres directs. L'infanterie se mit en formation et tint elle aussi une phalange. Puis on ordonna aux archers de se mettre en mouvement. Au pas de course les archers mycéniennes prirent les devant de l'armée et versèrent le premier sang, décochant des centaines et des centaines de flèches plusieurs hoplites, malgré leurs lourdes armures tombèrent mais rien ne semblait pouvoir stopper la marche de la puissante phalange argonienne. L'infanterie mycénienne se mit alors en marche à son tour le pas était bien moins ordonné que celui des armées d'Argos et lorsque les archers argoniens firent feu la phalange mycénienne subit des pertes bien plus importante.
Alors que plusieurs dizaines de mettre les séparés, la phalange argonienne fit halte et renforça sa position en présentant en mur de pique et de bouclier parfaitement aligné. Face à cela les archers mycéniens décochèrent leurs dernières fleches avant que la phalange mycénienne ne charge l'envahisseur sous le feu plus intense encore des archers d'Argos.
Lorsque les Mycéniens heurtèrent la phalange d'Argos, celle-ci recula de trois pas mais tint le choc. En bon ordre les Argoniens parvinrent à tenir et empalèrent nombreux de Mycéniens qui subissait le feu terrible des archers. Voyant ses troupes comme bloquées, Cléosiphon décida de passer directement à l'attaque et chargea lui aussi à la tete de sa cavalerie. Malgré toute sa force, la phalange argonienne ne put resister au choc de la charge mycénienne et meme si plusieurs montures s'empalèrent sur les pics et tombèrent sous les traités d'Argos, ce ne fut pas suffisant.
Alors que les troupes mycéniennes approchaient à chaque minute un peu plus de la déroute, la cavalerie de Mycènes connaissait elle un certain succès et cela il fallait l'arreter ! C'est pour cela que Theophraste se décida de lancer toute sa cavalerie dans la bataille et après une charge puissante il prit par personnellement au combat aux cotés de ses hommes.
La bataille faisait rage et les forces de Mycènes semblaient etre proche de la défaite lorsque soudain, Cléosiphon, touché par lance tomba de sa monture et le regard ensanglanté il vit la débacle de ses hommes. Argos avait vaincu !
Sans plus attendre, Argos prit la route de Mycènes. Theophraste était décidé à capturer le roi et sa famille. Au bout de quelques heures l'armée argonienne, remise en ordre, arriva aux portes de Mycènes. La cité avait été déserté par nombre d'habitants et rien ne s'opposa à l'avancé des forces d'Argos.
Quand l'armée argonienne penetra dans la ville sans le moindre effort, les hommes prirent grand plaisir à forcer les portes et à se mettre à la recherche de la moindre chose qui avait de la valeur. Mais malgré des monuments et des statues de toute beauté ils trouvèrent bien peu de chose.
Mais qu'importe les biens et l'or, ce n'était pas ce qui ineressait Theophraste qui accompagnait d'une partie de ses hommes prit la direction du palais. Là il put voir de ses yeux les puissants murs du palais royales, formant une véritable citadelle au coeur de la cité.
Entouré des quelques centaines de fidèles le roi Acricios s'était bariquadé dans celui-ci et depuis les hauteurs de son palais, une coupe de vin à la main il put voir les premières demeures de sa cité prendre feu, il pouvait distinguer les nombreuses troupes argoniennes qui sans mal parcouraient les rues de Mycènes. Et après une dernière gorgée de vin, comme assomé par la boisson le roi s'endormit sur son trone. Le trone d'Agamemnon semblait alors avoir perdu tout son éclat...
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Mar 3 Mai - 17:16
