-246 Nouvelles du Pont Euxin
Les lueurs argentées caressaient la haute végétation des marais. Malgré cela l’obscurité recouvrait les hommes se déplaçant, rapidement, penchés pour mieux se rendre invisibles aux regards. L’éclaireur imita le « kgarrk » enroué de l’aigrette garzette. Des hommes se levèrent et vinrent rapidement le rejoindre. Archers et porteurs de lances suivirent aussitôt. Enfin le dernier détachement arriva lui aussi.
Les huttes misérables du village lacustre reposaient dans la tranquillité du marais, sis entre la rivière et le lac Borollos. Brusquement, les flammes jaillirent dans le ciel. Les flèches brûlantes retombèrent sur les huttes. Des cris de terreur poussés par les familles et le bétail se firent entendre. Les hommes jaillirent des habitations mais les archers continuaient leur carnage. Cette fois-ci les flèches visaient les corps en mouvement. A la dernière flèche les soldats encerclant le village de brigands se levèrent. Une voix forte retentit, intimant l’ordre de se rendre. Les Boukoloi, des bouviers réduits au brigandage par la misère, s’effrayèrent. Plusieurs se dirigèrent vers la hutte du chef.
Ce dernier s’était levé en sursaut. La bière de la veille ralentissait ses pensées. Il émergea difficilement du sommeil. Et encore car la femme enlevée, ligotée et brutalisée la veille se débattait encore. Nu, il discerna soudainement une présence dans sa hutte. Il se releva brusquement. L’homme avait déjà glissé près de lui. Un éclair rouge, un bruit immonde de gargouillis, le chef égorgé des villageois s’effondra.
« Tuez ceux qui résistent. Rassemblez les villageois et le bétail. Ils se sont rendus coupables de brigandage et seront vendus au marché aux esclaves. Nul ne peut enfreindre la Loi du Basileus Mithridate. »
Dans la lumière de l’aube, les lueurs rouges de l’incendie se mêlaient aux premiers ors du jour.
On rapporte qu'il en fut ainsi en maints et maints villages isolés et en maintes et maintes vallées perdues du royaume du Pont Euxin. L eBasileus Mithridate avait déclaré la guerre aux brigands et ceux ci n'avaient guère de chances de l'emporter....