La dispute des dieux pour Corinthe...

Prière à Poséidon "Teneur de fondations"


Le prêtre invoqua le "Teneur de fondations", Poséidon maître de la terre qui, de son trident, peut devenir l'ébranleur du sol... Le prêtre versa le liquide sur le sol. La libation devait honorer le dieu de la mer et garantir la perpétuation de la fondation de la cité.

Corinthe bercée par les eaux salées de la Méditerranée dont l'onde tantôt pacifique tantôt violente heurtait le rivage et les ports. Les marins observaient la houle et retiraient leurs filets emplis de poissons aux éclats d'argents, rutilants sous le soleil ardent. Les barques ondulaient au rythme du sac et du ressac, les vagues frappant au loin les rochers du rivage avec violence, se détournant par cette colère de flots vers le grand large, heurtant à nouveau des vagues et diminuant leur violence. Le vent apportait vers les terres l'odeur des algues arrachées et du sel.

Le prêtre, un jeune bacchiade appartenant à l'aristocratie influente de cette cité, éleva la voix. Comme une autre image de Poséidon il portait une barbe épaisse et des cheveux bouclés et flottants, mais ses habits montraient la richesse tout en dévoilant la musculature de l'homme exercé depuis le plus jeune âge aux travaux de la guerre.

Puis vint le sacrifice. Dans l'Héllade aux plaines rares et étroites, l'élevage de chevaux était rare. La monture fut noyée dans la mer... Sa queue battit les flots, sa bouche écumait alors que l'eau salée s'engouffrait en elle. Ses jambes ruèrent puis cessèrent de bouger. Le flot remuait doucement les crins, la queue... Les hurlements du vent grandirent et emplirent l'horizon maintenant noir. La Méditerranée se débattit, se souleva, défiant les pins, amis de la mer, consacrés au Maître des chevaux.

Le prêtre éleva les mains. Poséidon se dressa devant lui, sa chevelure bouclée et ornée de branches de pins. Il surgit du sein de la mer déchaînée. Ses cheveux de couleur sombre roulaient sur sa tête. De sa vaste poitrine gonflaient les sons jaillissant de sa voix puissante. Dans son manteau d'azur le Vieux de la mer regardait sa cité, Corinthe, de ses yeux brillant d'un éclat glauque.

"Corinthe aux pins sacrés, je te fais mienne et te protège..."




Depuis l'Olympe le puissant dieu des océans jubilait.

Se tenant fièrement face à ses frères, nièces et neveux il leur adressa la parole d'un ton désintéréssé, faisant passer ses doigts dans sa longue barbe:

-Alors mes frères que de nouveau sur l'Olympe ? Car sur terre les hommes de la puissante Corinthe m'ont choisit pour protecteur...

Tous le regardèrent avec jalousie sans dire de mots. Puis sortant de l'ombre, une puissante lumière l'entourant, Hélios, l'interpella d'un ton colèrique:

-Crois-tu vraiment Corinthe tienne alors que dans le coeur de chacun je triomphe ?! Bientot je te le dis un grand temple sera élevé en mon nom, moi Helios, Dieu Soleil.

D'une manière désinvolte, le maitre des mers tourna le dos à l'assemblée, se préparant à rentrer en son palais, avant de s'adresser, un sourrir en coin, à Helios:

-Vraiment ? J'ai pourtant bien peur que la belle Séléné ne te fasse de l'ombre...

Sur ces mots le roi des mers plongea dans les océans. Ainsi donc Corinthe deviendrait-elle la convoitise de deux puissants dieux ?



Le lendemain...

La jeune femme portait l'onde limpide à ses lèvres rouges comme les plumes du rouge gorge. Couronnée du laurier d'Apollon comme une épousée, la vierge ressentait en elle l'inspiration prophétique, la mania du dieu de la lumière.

"Hélios est le dieu Soleil. Le dieu Apollon
est son cocher infatigable et puissant
De ce dernier je suis sa servante.
Il accepte de vous donner sa protection,
Le puissant Ebranleur du sol.
Mais Hélios exige pour calmer sa colère
Que bientôt soit érigé sur cette terre
Un temple est son honneur au haut de ce col..."

La prophetesse se tût.

Les Bacchiades et le peuple de Corinthe apportèrent alors de nombreuses offrandes aux deux divinités. Les prêtres immolèrent les animaux dont le sang aspergea l'autel. Les sacrificateurs mirent à part les peaux qui seraient leurs salaires. Puis les viandes furent distribués équitablement aux convives. L'eau parfumée inondait maintenant le sol alors que les fumets agréables aux dieux s'élevaient vers l'Olympe.

Puis les prêtres entamèrent des hymnes aux divinités alors que le plus âgé des Bacchiades accompagné d'un homme jeune et de haute taille célébraient les derniers rites de consécration.

"Moi, Agathoclès fils de Démarate", prononça le plus âgé, "annonce la sentence rendue par Briarée le géant aux cent bras choisi comme arbitre par les dieux eux-mêmes."
Il tendit le bras pour désigner la hauteur surmontant la cité de Corinthe. "L'Acrocorinthe est désormais consacré à Hélios. Qu'un temple soit bâti pour sceller cette alliance entre Hélios et le peuple de Corinthe."

Une rumeur acceuillit favorablement cette annonce. Rumeur qui se renforça en voyant le jeune homme bouclé dont le visage semblait être celui du dieu de la mer.

"Moi, Philippe fils du divin Poséidon, dit le jeune homme à la haute stature, Ici, dit l'homme en ouvrant largement les bras, la ville basse revient au Vieux de la Mer. Que des chevaux soient élevés dans nos campagnes pour marquer cette alliance entre Poséidon et le peuple de Corinthe."

Le ciel éclata alors d'une lumière radieuse. Les rais semblèrent poser sur l'Acrocorinthe une immense couronne. Des hénissements joyeux de chevaux retentirent. Les vieux Corinthiens se rejouirent de ces présages favorables alors que les jeunes regardaient Philippe avec admiration. Par lui et par bien d'autres l'ichor des dieux se mélangeait au sang des mortels...



HJ : Merci au divin Olympos pour sa contribution médiane au rp...