Printemps -753 - De l'hégémonie de Thèbes

De l'hégémonie de Thèbes

Au début du printemps, Thèbes, la perle de Béotie, était en fete. Il faut dire qu'alors la modeste cité d'Oropos avait reconnue l'hégémonie de la puissante cité et ce par la seule diplomatie. C'était une grande victoire pour Thèbes mais Oropos festoyait elle aussi cette événement. Le vin coulait à flot et règulièrement de grands banquets étaient célébrés dans les deux cités. Ainsi une relation solide semblait naitre entre Oropos et son hégémone.
Mais bien vite les festins laissèrent place à la crainte et aux tensions, non entre les deux cités alliées mais avec les autres. En effet, le roi de Thèbes, le puissant Léandre, décida que l'heure était venue pour Thèbes de s'éveiller à nouveau, de prendre la marche de la guerre et de s'imposer davantage encore en Béotie. Ainsi Léandre, à peine le repas de la veille était-il froid, parla à son nouveau soutien de la prochaine opération militaire qu'il visait, celui-ci, peut etre encore sous les effets du vin accepta et jura à Thèbes de la rejoindre.

Dans les jours qui suivirent tout s'enchaina alors très vite. Léandre ne voulant perdre de temps fit mobiliser à une vitesse extreme ses armées et le tyran d'Oropos fit de meme. Cependant, ce dernier était dans le plus grand des embaras. Il faut dire que meme si il avait promit à Leandre son soutien militaire dans sa campagne il ne pouvait se rendre en terre thébaine sans traverser le territoire sacré d'Hyria.
A Thèbes c'était l'effervescence, la cité rentrait en guerre et les citoyens se rassemblaient au plus vite. En à peine quelques semaines les armées thébaines étaient pretes à marcher vers la cible décidée par Léandre et pourtant elle ne bougea point. Léandre quand à lui faisait les cents pas dans son palais. Il attendait depuis à présent trop longtemps l'armée d'Oropos. Les jours passèrent et toujours rien, pas la moindre nouvelle d'Oropos. Ainsi maudissant le tyran d'Oropos pour son honteuse trahison, Léandre ne pouvant plus attendre se mit en marche vers Leuctre.

A la fin du printemps l'armée de Thèbes était au coeur du territoire de Leuctre et aucune opposition ne se présenta face à elle. Léandre, fierement dressé sur son cheval s'attendait à chaque instant à voir à l'horizon l'armée ennemi et là encore rien ne se produisait.
Au meme instant à Leuctre son tyran attendait avec impatience le retour de ses émissaires. Il faut dire que pour lutter contre cette invasion qu'il estimait injuste mais redouté il avait fait appel à bien des cités, Corinthe, ainsi qu'un grand nombre de cité du Golf furent alors contactées, mais il sembla que nul ne donna suite à ces ambassades. Ainsi au bout de quelques jours le tyran de Leuctre vit la réalité en face: il était bel et bien seul contre les puissantes armées thébennes.

Léandre n'était alors qu''à une journée de marche de la cité qu'il convoitait tant, quand soudain une ombre se dessina au loin, l'ennemi approchait... Sans perdre un instant il ordonna à ses troupes de former les rangs. Là encore l'absence des troupes d'Oropos se fit sentir mais le tyran devait faire sans, après tout, il n'avait d'autres choix. Quand les armées se firent face Léandre était plutot confiant, il faut dire que sa cavalerie était bien plus puissante et expérimenté mais aussi supérieure en nombre. Cependant, il ne pensait pas que Leuctre, cité loin de la force de Thèbes, aurait pu aligner autant d'hoplites. Sa force c'était sa cavalerie et la valeur de ses généraux, Léandre le savait et tenta d'exploiter cela au mieux pour son plan de bataille.
Puis au rythme des flutes et des percussions la bataille débuta. Alors que les cavaliers disparurent, les fantassins se mirent quand à eux en marche et alors que ces derniers ne se trouvaient séparés que de quelques mètres c'est sous le puissant cri du polémarque thébeen, Adonis, que les trois phalanges de Thèbes chargèrent. Dans un violent son l'impact des hoplon retentit sur tout le champ de bataille et le sang coula plus encore.
L'infanterie thébeenne semblait alors connaitre quelques difficultés, cependant ce fut grace à la stratégie de Léandre, visant à mettre ses hoplites les plus aguerris sur le flanc gauche et non sur le flanc droit, sous les ordres du vaillant Eschyle, que la débacle fut limité. En effet, les Leuctriens, peu habitué à ce type de positionnement peu conventionnel se trouvèrent en difficulté et la situation semblait alors stagner. Du moins jusqu'à ce comme sortit de nul part, Léandre, à la tete pret de 5 000 cavalier dit-on, surgit du champ de bataille sur le flanc de l'ennemi. L'armée de Leuctre sous le choc d'une telle apparition ne pu réagir et ton son flanc gauche fut alors balayer par la force de l'infanterie d'Eschyle et de la cavalerie de Léandre. Lentement l'étau se referma alors sur les armées de Leuctre qui furent tout simplement massacré. Meme si plusieurs thébeens avait péri c'était une grande victoire pour Léandre qui reprit sa marche vers Leuctre.

A peine vit-il les murs de la cité qu'un message lui arriva. Ce messager venait d'Oropos. En effet, la cité alliée avait été vaincu par Hyria lors de la traversée de ses terres et était à présent en grande difficulté, son armée en difficulté prete à succomber sous le coups de la cité voisine. Aussi le tyran d'Oropos, ne pouvant soutenir Thèbes, réclamait au contraire son aide.

Léandre tourna alors le regard vers Leuctre qui lui ouvrait les bras. Ainsi il devrait choisir, marcher sur Leuctre ou retourner vers Thèbes et Oropos afin de sauver son allié sur le point lui aussi de tomber. Le choix était difficile et délicat et pourtant il devrait trancher. Cependant, le tyran de Leuctre ignorait lui cette situation...

Le Roi Eurypontide de Sparte, Nicandre, se relevait de la séance de lutte qui venait de l'opposer à l'Agiade Téléclus.

Les deux souverains, encore essouflés, prirent connaissance des évènements de Béotie qu'un Périèque de Lacédémone venait de communiquer aux rois spartiates.

"Attaquer de flanc avec des cavaliers ?..." remarqua interloqué Nicandre.

"Et les Dieux, n'ont que peu appréciés... Ils ont donc laissés le roi Léandre dans une sorte d'embarras par leurs facéties... Leuctres ou Oropos ? La conquête ou la défense de l'Allié ?" conclut Téléclus, énigmatique et laconique...

Ete -753 De Leuctre à Hyria

Le roi de Thèbes ne se trouvait alors pas dans une situation très enviable, Leuctre n'était pas encore tombée et Oropos était en difficultée il lui fallait faire un choix au plus vite, dus moins pensat-il au début. Les premières nuits Léandre ne pouvait trouver le sommeil, devait-il abandonner la prise de Leuctre qui était en si bon chemin et ainsi respecter son alliance et son devoir d'hégémon envers Oropos où laisser celle-ci à son triste sort ? Cette question le tourmentait et il ne savait comment réagir. Etudiant toutes les solutions possibles il ne parvenait pas à effectuer une sortie juste de ce conflit, il se devait de gagner du temps, de trouver des appuis qui sauraient l'épaule justement dans cette sombre affaire.
Les jours suivants et à travers toute la Béotie des messagers gallopèrent sous le soleil comme sous l'orage. Comme guidés par Hermès lui meme les diplomates thébéens parvinrent rapidement à ramener au roi les réponses qu'il attendait tant. Ainsi, il devait se résoudre à faire appel à son réseau personnel. Quel ironie qu'une puissance comme Thèbes la Grande, doivent faire appel à autrui pour résoudre un tel conflit entre deux puissances mineures de Béotie ! Mais qu'importe ! Léandre n'avait pas le choix si il désirait etre victorieux sur tous les fronts et il le savait, il ne pouvait qu'esperer qu'en son palais et ailleurs d'éventuelles murmures diffamtoires se taisent.
Un message avait aussi été envoyé à Oropos afin de connaitre la situation de la cité, malheureusement nul retour ne parvint au roi dans les délais et le temps passant il ne put attendre plus longtemps.

Le matin venu et sa decision prise il fit démonter le camp et avec une large partie de ses troupes prit la route. Seulement une petite garnison resta non loin de Leuctre attendant patiement quelque chose. Etant de taille trop réduite, la modeste troupe sous les ordres du polémarque Eschyle resta la plus discrète possible. Il ne lui fallait pas faire de vague le temps que les renforts si attendus par le roi arrivent.
Alors que la crainte montait dans le modeste quand thébéen, le roi était lui déjà à plusieurs journées de marche avec une vaste armée. Cette dernière fut alors à nouveau renforcée par de nouveaux citoyens mobilisés rapidement. C'était pret de 10 000 hommes qui marchaient aux talons du roi. Ce dernier, n'ayant toujours pas la moindre réponse du tyran d'Oropos fit alors hater le pas, il lui fallait arriver afin qu'il ne soit trop tard et pouvoir ainsi affronter Hyria et ses armées sur deux fronts. Alors que Léandre s'appretait à mettre un premier pied sur les terres sacrées d'Hyria, un messager vint lui apporter une nouvelle de première importance:

-Oh mon roi ! Sage et puissant Léandre ! Des nouvelles du front de Leuctre. Je viens t'apporter la parole d'Eschyle

Se devant de savoir quel était la situation le roi décida d'arreter le convoi temporairement afin que le message l'informe de la situation.

-Parles donc !, s'exclama Léandre.

Sans plus tarder la situation lui fut présenté. Alors que le petit camp d'Eschyle vivait dans la crainte perpétuelle des éclaireurs de Leuctre furent repérés. Cela ne fut pas sans inquiété encore davantage le polémarque qui craignait qu'à présent, sachant sa faiblesse, l'ennemi n'en profite. Jour et nuit les rondes thébéenne s'intensifièrent jusqu'au jour où... où un messager arriva au camp au galop. Les forces de Mégare était à mi-chemin, c'est ainsi que sans plus attendre et suivant les ordres du roi, Eschyles leva le camp et marcha rapidement vers ce soutien inespéré.
Ce fut à la frontière entre Leuctre et Platée qu'Eschyle puis voir l'armée envoyée par Mégare, c'était pret de 5 000 hommes que la cité allié de Mégaride avait envoyé par terre. Ensemble ils marchèrent droit vers Leuctre.
Mais durant ce temps, le tyran de Leuctre, décidé d'opposer une dernière resistance rassembla quelques milliers d'hommes pour faire face aux envahisseurs. Ainsi à la suite d'un modeste combat, les troupes puissantes et pleines d'énergie de Mégare permirent la victoire. Défait pour la nouvelle fois, le tyran de Leuctre ouvrit ses portes aux troupes victorieuses et proposa alors de reconnaitre l'hégémonie de Thèbes.

Cette nouvelle ne fut pas sans ravir Léandre. Ainsi Mégare avait non seulement tenue parole mais les dieux étaient avec Thèbes et offraient la victoire à ses armées, aussi il ne pouvait en etre autrement pour sa campagne. Ce fut donc d'un pas serein que le roi Léandre reprit sa marche vers Hyria.
Ce ne fut que quelques jours à peine après son entrée sur les terres d'Hyria que les armées de la cité se manifestèrent. Bien que moins nombreuses que celles de Léandre elles n'en étaient pas moins dangereuse. Mais le roi de Thèbes n'était pas satisfait, nul troupe de Mégare ou d'Oropos n'était présente, il était ainsi seul pour affronter les forces d'Hyria.

-Qu'importe , pensa-t-il. Les dieux sont avec nous !

Les armées s'alignèrent alors et se firent face dans le plus grand des silences. C'était le calme avant la tempete, les deux armées s'appretaient au choc. Mais alors que Thèbes avait l'habitude de prendre l'initiative du combat, les polémarques d'Hyria defenseur la puissante cité de Béotie. Cela ne fut pas sans destabiliser quelque peu le roi Léandre qui ne s'attendait pas à une telle réactivité de la part des forces d'Hyria. Mais le roi n'était pas homme manquant de réactivité, aussi, il comptait utiliser sa cavalerie afin de reprendre l'initiative au meilleur moment.
Après plusieurs minutes d'affrontements entre les phalanges, les fantassins de Thèbes, fatigués par leur marche et en terrain inconnue commencèrent à fatiguer. Cela permit alors aux forces d'Hyria de prendre de l'avantage. Ne voulant attendre plus longtemps, Léandre décida d'utiliser son atout majeure sa cavalerie. Cela ayant fonctionné à Leuctre il chargea à la tete de celle-ci sur les flancs des phalanges ennemis. Mais le polémarque d'Hyria connaissait le terrain bien mieux que les thébéens et ayant placé ses archers avec intelligence, ces derniers firent tombées bien de braves cavaliers avant qu'ils n'atteignent leur objectif. Là encore le resultat fut mitigé, bien que provoquant quelques dégats dans les lignes ennemis les fantassins d'Hyria parvinrent à bloquer la cavalerie thébéenne.
La situation tournait alors au désavantage de Thèbes mais les forces de Léandre poursuivaient le combat avec ardeur malgré la fatigue. jusqu'au moment où dans la plus grande des difficultés, le polémarque thébéen Adonis, tomba. Sans le polémarque la phalange perdit confiance en une issue déjà incertaine et commença à battre en retraire, peu entrainé à cette exercice ce fut une véritable débacle pour l'infanterie de Thèbes qui connue alors bien des pertes durant leur retraite.
Léandre n'était pas sans connaitre bien des difficultés, autour de lui des hommes valeureux tombés. Aussi voyant ses fantassins en déroute il se décida à la retraite générale. Protégé par des cavaliers pret à mourrir pour leur roi, celui-ci parvint à quitter le champ de bataille indemme.

Ainsi, bien Thèbes était victorieuse à Leuctre, à Hyria elle connut la défaite. Léandre, enragé par celle-ci, regagna son palais et maudit le tyran d'Oropos qu'il n'était pas parvenu à contacter. Cependant, quelques jours après son retour à Thèbes on l'informa d'une rumeur disant qu'Oropos, suite à une véritable débacle militaire, aurait reconnue depuis le début de l'été l'hégémonie d'Hyria et reniée Thèbe... cela expliquant son absence...

-"Frère Nicandre" questionnait le roi Agiade Téléclus,
-"Penses tu que les Dieux eussent puni Thèbes pour avoir enfreint le code immémorial de la guerre ?"

-"Tu raisonnes comme moi Frère Téléclus", répartit le souverain Eurypontide.
-"Mettre ses troupes d'élite à gauche de la phalange, au lieu de la droite, puis faire charger la cavalerie sur le flanc, ne sont pas conformes aux coutumes martiales des Dieux...".
Mais Téléclus, levant la main droite, intervint ;
-"Pardonnes moi de te couper, Frère Nicandre, mais tu es un soldat de métier comme moi. Et comme tous les Spartiates d'ailleurs ! Et nous savons que ce que les Dieux ordonnent c'est de savoir résister à l'Ubris, de garder le contrôle au moment de l'Othismos et de protéger le frère d'arme qui est à ta gauche. Qu'importe l'ordonnancement des unités ! Il s'agit pour le Polémarque d'être meilleur stratège que son adversaire et pour l'Hoplite d'être digne des commandements de sa cité...
Donc, le roi Léandre à bien manoeuvré à Leuctres mais son nouvel adversaire, sur ses terres d'Hyria, avait trouvé la parade. Voila pourquoi il ne pouvait l'emporter, sa meilleure arme, le changement de tactique ayant été anticipée par l'ennemi... Bien sur, tu me diras qu'il pouvait encore l'emporter..."

Ce fut au tour du roi Eurypontide d'interrompre l'Agiade ;
-"Mais il aurait fallu que ces hommes eussent étés des spartiates !..." s'exclama Nicandre, abandonnant quelques instants la laconique réserve d'un souverain lacédémonien. Avant de conclure ;
[i]-"Mais gardons nous de toutes formes de l'Ubris ou d'orgueil ! Lycurgue nous a donné des préceptes qui font de nous ce que nous sommes et notre discipline en est le sel. Le vrai orgueil est celui du travail bien fait. Et notre travail est de faire la guerre pour Sparte et ses Lois. Et, s'il le faut, de savoir mourrir pour elles. Mais jamais en tournant le dos à l'ennemi, jamais en abandonnant son bouclier, jamais en abandonnant son Frère d'arme.
Voila ce qui aurait permis à des spartiates de remporter la bataille face à Hyria, malgré la fatigue et l'infriorité numérique ; Savoir faire notre travail en toute circonstance..."[/i]