Les voiles du navire sacré se gonflaient sous le souffle de Borée. L'esquif fendait l'onde amère, alors qu'à sa proue jouaient les dauphins sautant à sa rencontre, sur les dos desquels l'eau glissait sur la peau argentée.
Les hommes s'activaient, poings puissants fermés sur les cordages, le pilote penché sur la rame. Tous chantaient.
Les prêtres de Zeus, d'Apollon, de Poséidon formaient cet étrange équipage allant de cité en cité racheter les anciens citoyens de Chalandriani pour les libérer de leurs entraves, les ramener loin des lieux de leur servitude vers les autels de leur foyer et de leur cité. Les braves imaginaient déjà les enlaçades des couples séparés enfin réunis, les cris de joies des enfants retrouvant leurs parents.
Corinthe procédait au rachat des Chalandrianais et à leur retour vers leur île. Plusieurs saisons seraient sans doute nécessaire mais qu'importe, sur simple demande des bateaux de commerce de Corinthe se dérouteraient pour prendre en priorité les libérés et les ramener en leur patrie.
En cette affaire Corinthe espérait le concours des autres cités comme Halicarnasse ou encore Argos, Thermos...
La première saison de printemps verrait la théorie aller en Ionie, d'Halicarnasse vers Chios en passant par les cités de la Ligue Ionienne. L'été se serait l'Hellade continentale, du Péloponnèse jusqu'au délà de l'Eubée.
Enfin, au début de l'hiver, la théorie sillonerait les Cyclades et demanderait à Naxos de donner tous les anciens captifs de Chalandriani. Naxos pourrait-elle faire moins qu'Halicarnasse ou Thermos ?